La démarche réparatrice privilégie toute forme d’action, individuelle et collective, visant la réparation des conséquences vécues à l’occasion d’une infraction ou d’un conflit. La démarche de réparation substitue la punition des infracteurs par la réparation des conséquences (même si cette substitution n’est souvent que partielle, la justice réparatrice s’étant plutôt insérée en complémentarité avec la justice punitive dans les politiques pénales des sociétés occidentales). Elle favorise une approche participative, en faisant place aux perspectives de toutes les personnes concernées par le crime. Selon le type d’événement et selon les liens entre les protagonistes, la démarche réparatrice peut viser la réparation des conséquences, la résolution des conflits mais aussi la réconciliation entre les parties. Le caractère transgressif de l’acte est secondaire et qu’il convient de considérer le crime comme une conduite qui affecte les relations entre les personnes et la communauté. On insère souvent la démarche réparatrice dans une perspective de transformation des situations et des personnes, la qualifiant aussi de démarche transformative Les experts qui se sont spécialisés et qui associent ces dernières au paradigme réparateur font d’ailleurs référence au fait que la démarche réparatrice « transforme la colère, le ressentiment et la vengeance pour construire ou reconstruire la communauté par le biais de la réconciliation. La réconciliation constitue l’une des avenues possibles de la d.marche réparatrice, mais non la seule, puisque certains protagonistes ne peuvent l’envisager, soit parce qu’ils ne se connaissaient pas avant le crime, soit parce qu’ils ne souhaitent tout simplement pas se réconcilier, préférant négocier des mesures de réparation. Il importe de mieux cerner les conditions qui favorisent l’accomplissement ou l’amorce d’une réparation et d’une réconciliation.
Les conditions de concrétisation de la réparation et de la réconciliation
Dans les processus de réparation ou deréconciliation, les études empiriques tendent à montrer que les effets réparateurs sont bien tangibles pour les victimes. Les sources de réparation pour les victimes sont, entre autres, liées au fait de pouvoir exprimer leur ressenti, de communiquer à l’agresseur les conséquences vécues, d’être reconnues et entendues dans leur statut de victimes, de pouvoir poser des questions à l’agresseur, d’avoir accès à ce qui s’est réellement passé, d’obtenir des informations sur les procédures, de prendre une place dans le processus de dialogue, d’obtenir des réparations symboliques (excuses) et matérielles. Dans les cas de lourdes victimisations, la plupart des victimes estiment que leur participation à des processus réparateurs a contribué à fermer la boucle ou tout au moins à entamer le processus de guérison. Des travaux soulignent à quel point le processus est aussi, si ne n’est plus, important que ses finalités. L’espace de dialogue semble, en soi, aussi porteur de réparation que la concrétisation de modes de réparation négociés. Quant à la réconciliation, rares sont les initiatives de médiation expressément tournées vers un objectif de réconciliation. On comprend aisément que, dans des processus volontaires qui visent notamment à redonner du pouvoir aux protagonistes (en particulier les victimes), la réconciliation, l’excuse ou le pardon sont des finalités qui doivent demeurer personnelles et non pas configurées par une institution. Cela dit, pour qu’une réconciliation puisse se concrétiser, il faut notamment que les violences et les séquelles soient reconnues par les acteurs concernés (victimes et agresseurs), que les remords, les regrets, les excuses ou le pardon soient exprimés avec sincérité, avec, le plus souvent, la conviction que de tels gestes ne se reproduiront pas. Les spécialistes identifie cinq fondements à la réconciliation : la reconnaissance (1) ; l’acceptation (2) ; l’excuse (3) ; la réparation (4) et le pardon (5). Aussi, que l’établissement de la vérité sur des faits reste insuffisante à la réconciliation si l’enregistrement des faits n’est ni reconnu ni internalisé par les protagonistes. Dans un contexte de justice transitionnelle, une démarche réparatrice requiert la mise en place de processus fondés sur la participation, l’empowerment, la réintégration, mais aussi la transformation des relations social permanente et positive.